La solution aux problèmes socio-économiques et environnementaux des campagnes chinoise est-elle en ville ? Cura, association basée à Chengdu pense prouver le contraire. En 2003, elle met en place dans le village de An-long un programme de village Écologique. Objectif ? Améliorer la qualité des eaux des rivières, nombreuses en cette région toute proche de l’Himalaya, et ainsi permettre à 77 familles de rester chez elles et conserver leur mode de vie. Jun Tian, présidente de l’organisation, a longtemps travaillé pour le gouvernement chinois sur les questions d’environnement. En s’engageant ainsi dans un projet « associatif » de village Écologique modèle, elle entend proposer une alternative à l’exode rurale et aux politiques habituellement mises en place par le gouvernement.
DYNAMIQUE : « Ceux qui reviennent ne regrettent pas la ville ! »
A An-long, avant 2005, l’agriculture rapportait peu et polluait beaucoup les eaux des rivières Zu ma et Fu Man, près de Chengdu. L’habitat étant fait de maisons isolées, construire un réseau d’assainissement aurait été trop coûteux. Dans ces cas là, le gouvernement chinois préfère donc reloger les familles paysannes pauvres dans des immeubles en ville. Il veut ainsi leur donner un meilleur niveau de vie et combattre les maladies dues à la pollution de l’eau. Comme M. Gao, de nombreux membres des 77 familles qui participent aujourd’hui au projet avaient quitté leur foyer pour la ville. Pourtant, comme la majorité des paysans, M. Gao veut avant tout pouvoir vivre dans son village d’origine et conserver son mode de vie.
La proposition de Cura pour préserver An-Long ? Un assainissement total de l’eau, le recyclage de tous les déchets et l’agriculture biologique. Les paysans ont remplacé les intrants chimiques par du compost issu de toilettes sèches ou de bassins de décantation. Conseillés par les spécialistes de Cura, et avec un soutien financier, les paysans construisent eux-mêmes ces installations.
Cura a également mis en place un bus gratuit qui permet aux habitants de Chengdu de venir dans le village. Les citadins y découvrent comment sont cultivés les légumes, et ils peuvent les acheter directement aux producteurs. Avec ce système de vente directe les paysans augmentent leur marge et les consommateurs paient moins cher que dans le commerce. Une traçabilité est aussi mise en place pour certifier la provenance des légumes. Autre exemple, les moines bouddhistes, grands consommateurs de produits naturels, se sont montés en association pour contrôler et garantir la qualité des légumes cultivés à An-Long.
Au final, les efforts de Cura pour améliorer la qualité de l’eau payent. Le niveau de vie des habitants s’améliore, de nombreuses familles reviennent vivre chez elles, et le gouvernement ne veut plus récupérer les terres. Jun Tian conclut : « Une meilleure qualité de vie, moins d’accidents et un environnement sain, ceux qui reviennent ne regrettent pas la ville ! »